Lettre à nos corps.



A toi, enfant, qui porte un regard encore dénué de jugement sur ton corps,
A toi, adulte en devenir, qui subit déjà tant d'injonctions et qui lutte pour accepter ce corps en évolution,
A toi qui refuse de le regarder ou qui t’évertue à le cacher,
A toi qui met tant d’efforts à chercher à le changer,
A toi qui te sent en décalage dans un corps que tu trouves différent des autres,
A toi qui le maltraite parfois ou l'assaille de reproches,
A toi qui a le sentiment d'être né dans le mauvais corps,
A toi que les épreuves ont marqué dans la chair et la peau,
A toi qui t’émeut de voir ton corps changer au fil du temps…


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A toi, à moi, à nous,

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Et si on apprenait à chérir ensemble nos corps.
Chérir chaque parcelle de sa peau, avec ces singularités et ces cicatrices.
S’émerveiller de cette formidable machine et des possibilités qu'elle nous offre, de toutes ces sensations qui nous font se sentir en vie, et de ces plaisirs qu’elle nous permet de ressentir.
Le remercier de nous porter chaque jour et d'accomplir tant de choses en apparence anodines et pourtant si puissantes.
Apprendre à l'écouter, à le respecter parce qu'il le mérite.
Se rappeler qu'il n'a pas besoin de rentrer dans une norme pour plaire et qu'apprendre à voir les choses sous un prisme différent, c’est commencer à s'aimer soi même.
Célébrer chaque nouvelle ride sur son visage, elles sont le marqueur de nos joies, et le témoin du temps qui nous est offert à vivre. Réaliser qu’un corps qui prend de l’âge est une chance.
Apprendre aussi à voir la beauté dans l’aspérité. A observer ces lignes et ces marques qui parcourent la peau comme un dessin. A apprécier ces textures semblables à celles que l'on trouve dans la nature et qui nous rappellent que nous faisons parti d'un tout.
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A toi cher corps, tu n'es pas une matière lisse, immuable. Tu n'es pas un ennemi. Tu n'es ni trop, ni pas assez, tu es tout simplement.
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On va continuer un bout de chemin ensemble toi et moi. Et promis je vais faire mon possible pour t’aimer. Parce que vieillir n’est pas un gros mot, c’est une chance.

texte . crédit photo / Dorothée Buteau . muses / Solveig Robbe . Fanny Paris